Êtes-vous vraiment prêt à accepter ça ?

Pour terminer cette série d’articles, consacrés à la critique, je voudrais vous montrer un exemple et un contre-exemple.

 

Ç’a eu lieu en 2022, lors de la cérémonie des Oscars qui a été animé par Chris Rock, humoriste américain. Vous savez tous ce qui s’est passé. Chris Rock fait une blague, un peu osée, sur la femme de Will Smith. Will Smith qui entend cela, se met d’abord à sourire, puis se lève et va faire ce qu’il n’aurait jamais dû faire, puisqu’il a giflé Chris Rock.

 

Et là, vous avez la réaction la plus primitive qu’il puisse y avoir à la critique, qui est celle de céder à la violence.

Sur le court terme, je suis un homme, tout le monde l’a vu, j’ai été fort.

Sur le long terme, évidemment Will Smith, on n’en entend plus trop parler.

 

Donner du sens, c’est voir loin. Et voir loin, ce n’est jamais donner totalement raison au cerveau émotionnel et reptilien.

 

A contrario, et vous pouvez le voir dans la vidéo qui montre ce qui s’est passé. Chris Rock, lui, reste sensé, il continue de mettre en avant le sens.

Il aurait pu réagir et donc retourner la gifle.

Il aurait pu réagir et donc être sidéré comme l’a été le public.

Il aurait pu être manipulateur, en cherchant à piquer Will Smith davantage.

 

Êtes-vous vraiment prêt à accepter ça ?

 

Ça n’a pas été le cas.

Il est resté assertif, il est resté maître de lui, bref, il a, on peut le dire, bien réagi à la critique.

 

Certains diraient qu’il a été victime d’une humiliation.

Certains diraient qu’il ne sait pas respecter.

La vérité, on la voit aujourd’hui, plusieurs mois, une année après, Will Smith, on n’en entend plus trop parler et Chris Rock, lui, existe désormais.

 

Je vous invite donc à penser à la perspective de vos actions.

Bien gérer la critique, et même, dans ce cas-là, une forme de violence, c’est voir plus loin que ce que l’on pourrait être tenté de faire.

 

L’animal voit juste après, l’être humain, lui, voit plus loin.

 

Voilà ce que je tenais à vous dire : voir plus loin.

 

Je vous remercie d’avoir suivi cette série d’articles consacrés à la critique.

On pourra aller beaucoup plus loin sur le sujet, mais on gardera ça pour une formation ou un coaching que l’on pourrait faire ensemble.

Comment garder son calme en toutes circonstances

C’est peut-être le secret que maîtrise beaucoup de personnes qui arrive à bien gérer la peur de la critique et à bien gérer la peur, de façon générale.

 

Vous savez, il existe une théorie qui expliquerait qu’on a dans notre boîte crânienne, trois cerveaux. Voilà, on n’a pas un, pas deux, mais bien trois cerveaux. Et chaque cerveau a une fonction spécifique.

 

Le reptilien, c’est le cerveau qui me permet, lorsqu’une voiture est sur le point de me percuter, de sauter. Je n’ai même pas eu le temps de réfléchir, c’est instinctif. C’est le reptilien. Ce cerveau, on l’a depuis très longtemps, nos ancêtres l’avaient et on l’a toujours encore un peu.

 

À côté de ce cerveau, vous avez le cerveau limbique. Le cerveau limbique, c’est celui qui est responsable de vos émotions. De votre joie, de votre colère, de la surprise que l’on ressent, du mépris, du dégoût. Bref, de toutes ces émotions primaires.

 

Et puis, au-dessus, nous avons, et c’est ce qui nous distingue grandement des animaux, un cortex préfrontal, qui est principalement derrière le front. Il va nous permettre d’avoir l’échange qu’on a en ce moment, qui vous permettrait de vous former avec moi si vous veniez le temps d’un coaching ou d’une formation. Bref, on a un cerveau intelligent.

 

Je dis que c’est un modèle, ce qu’on appelle la théorie du cerveau triunique, parce qu’en vérité, vous n’avez pas trois cerveaux distincts, vous avez des espaces, des zones intelligentes. D’autres, sont consacrées aux émotions, d’autres au cerveau reptilien.

Pour simplifier, on explique qu’il y a trois couches, histoire que les choses soient visibles.

 

Comment garder son calme en toutes circonstances

 

Si vous voulez être à l’aise pour prendre la parole, il vous faut absolument comprendre cette distinction et abandonner l’idée de laisser toujours le cerveau limbique guider vos actions.

 

Si vous laissez le cerveau limbique guider vos actions, vous allez toujours être à la recherche du plaisir. Par plaisir qu’est-ce que je veux dire ? Voici quelques exemples :

Je veux faire cette douche chaude, je veux dormir suffisamment, je veux faire ce gros repas copieux, faire ce fast-food parce que je veux du plaisir. L’amiygale, c’est la partie qui est responsable du plaisir, en tout cas des émotions.

 

Et je vais éviter la souffrance : ah non, faut pas que j’aille faire du sport, je n’ai pas envie, ça me fatigue. Ah non, je ne vais pas prendre la parole, c’est difficile, c’est douloureux, ça me fait stresser. Ah non ça me fait stresser je n’y vais pas, j’évite la souffrance.

Je cherche le plaisir, mais je vais être très honnête avec vous, ce raisonnement-là est un raisonnement qu’à votre chat ou que peut avoir votre chien. Que peut avoir un animal qui cherche plaisir et qui évite la souffrance.

 

Nous ne sommes pas des animaux, donc à partir de là, si on n’est pas des animaux, notre vie ne doit pas être régie par l’évitement de la souffrance et la recherche du plaisir uniquement. Mais aussi par la quête de sens.

Quel sens vous mettez dans le fait de prendre la parole ? Quel sens vous mettez dans la critique que vous venez de recevoir ?

 

Si le focus que vous avez est un focus de : Quel sens je mets ? En quoi ç’a du sens pour moi ? Pourquoi c’est important, plutôt que, ça me fait mal ou ça me fait du bien ?

Vous ne voyez pas les choses de la même façon, vous ne vivez pas la vie de la même façon.

 

Je vous assure que, on n’est pas des animaux, en tout cas quand on n’est pas que ça, on est aussi des êtres humains qui cherchons le sens.

 

Cherchez le sens derrière la critique, cherchez le sens derrière la réaction que vous avez et ne cédez pas toujours au plaisir et à la souffrance ou en tout cas, à son évitement.

 

Avoir cette façon de voir les choses, je suis d’accord, ça peut sembler très robotisé, ça peut sembler très parfait, ça peut sembler tout ce que vous voulez, mais la différence entre les bons orateurs et ceux qui sont moins bons, souvent, elle se fait là.

 

Les bons orateurs arrivent à partir de leur cerveau intelligent à maîtriser le cerveau plus instinctif et plus émotionnel, ceux qui sont moins bons, laisse le cerveau émotionnel et instinctif prendre le dessus.

 

Rappelez-vous juste de ça, on est des êtres humains et on a la force, la chance de pouvoir prendre le dessus sur ce cerveau instinctif et émotionnel.

À vous de ne pas y céder.

Comment gérer un conflit ?

On est toujours dans cette peur d’être critiqué.

 

Je vais vous raconter une histoire vraie qui m’est arrivée, il y a quelques années. C’est une histoire un peu banale, mais quand même, qui est assez parlante.

 

Je prends le métro, à Paris, et j’achète un ticket. Il se trouve que ce ticket est démagnétisé, une fois de plus, malheureusement.

Donc, je passe ce ticket, ça ne marche pas.

Je me mets sur le côté, une personne passe et je lui demande gentiment, “excusez-moi, mon ticket est démagnétisé, est-ce que je peux passer avec vous.” La personne me répond non.

C’est assez étonnant, je veux dire, elle ne veut pas passer avec moi, bon d’accord pourquoi pas.

Donc, moi j’insiste, je me dis que la personne a dit non mais au fond de toute façon si je passe, je passe.

Elle se retourne et elle me dit : “mais qu’est-ce que vous n’avez pas compris ? Je ne passe pas avec vous, vous ne passez pas avec moi.”

Bon, vous vous doutez bien que résilient comme j’ai pu l’être, je suis quand même passé avec elle.

Mais bon sur le coup, ça m’a fait réfléchir toute la journée. Je me suis dit, mince, je n’ai pas été sympa, la personne ne voulait pas que je passe avec elle et ça m’a embêté parce que la personne m’a critiqué. Vous voyez, elle s’est emporté contre moi, je ne la connaissais pas, j’ai vu qu’elle était emportée, alors qu’il n’y avait pas vraiment de raison de s’emporter…

 

Comment gérer un conflit ?

 

Il m’est venu une phrase qui à mon sens est essentielle à garder à l’esprit si vous voulez bien gérer la critique qui est la suivante : “Quelqu’un qui vous critique est quelqu’un qui souffre.”

 

Quelqu’un qui vous critique, bien sûr, négativement, sans que ce soit constructif, sans que ce soit positif, sans que ce soit utile.

 

Parce que pour critiquer quelqu’un, pour l’empêcher de prendre le métro avec vous, vous n’êtes pas spécialement heureux dans votre vie. Vous n’êtes pas spécialement très joyeux et donc il y a ce besoin d’aller déverser son sac, d’aller déverser son venin et sa colère sur quelqu’un d’autre.

 

À partir de là, vous avez le choix, soit vous donnez du crédit à quelqu’un qui souffre et vous souffrez avec lui et vous vous mettez, vous aussi, à le critiquer.

 

Soit, on prend un peu de distance et on se rappelle que le plus important, c’est la relation, c’est l’autre. Je peux le prendre pour moi, je peux me concentrer sur l’autre.

Quelqu’un qui vous critique négativement, c’est quelqu’un qui souffre.

 

Là, dans cette histoire de métro, je n’étais pas spécialement face à la personne la plus heureuse, vous vous en doutez bien.

Si la personne était très bien dans sa vie et très heureuse, il n’y aurait même pas eu de sujet de “je peux vous laisser passer ou pas”.

 

Mais quand on n’est pas spécialement heureux, le lundi matin pour aller au bureau, qu’on est un peu fatigué, et bien, oui, on a de quoi être un peu grincheux et s’énerver.

 

Gardez ça à l’esprit, quelqu’un qui vous critique est quelqu’un qui souffre.

Vous allez être critiqué, vous l’êtes certainement déjà.

Pensez-vous que vous êtes critiqué de la part de personnes qui sont très bien dans la vie et très heureuses ? Sûrement que non.

 

Donc, prenez de la distance avec ces critiquants, avec ces critiques, notamment celles qui sont faites par ces personnes qui souffrent et ne souffrez pas avec elles.

 

Vous n’en avez pas besoin, vous, vous avancez, vous, vous agissez et vous, vous exposez, vous pratiquez. C’est ce qui va faire de vous un très bon orateur.

Faites ça la prochaine fois qu’on vous critique

Mais comment fait Donald Trump pour accepter à ce point d’être critiqué comme il l’a été ?

 

Donald Trump, contrairement à vous et moi, il est beaucoup plus apprécié, parce qu’il est plus connu, parce qu’il y a beaucoup plus de gens qui ont voté pour lui.

Bref, il est beaucoup plus apprécié. C’est un fait.

 

Il y a des gens qui l’aiment beaucoup plus que vous et moi nous sommes aimés. Mais il ne faut pas le nier, il est également beaucoup plus détesté que vous et moi.

Et vu qu’il est beaucoup plus détesté que vous et moi, il est soumis tous les jours, et peut-être encore plus quand il était président, à des critiques, à des attaques, de la part de ses interlocuteurs.

La question que j’ai commencée à vous poser, c’est : Comment fait-il pour supporter la critique à ce niveau ?

 

Et bien, c’est très simple, il s’appuie sûr, une distinction que fait Aristote sur la notion d’ethos.

 

L’ethos du critiquant, c’est regarder si vous êtes face à quelqu’un de crédible et qui a, en la matière, une certaine valeur, suffisante pour vous critiquer.

 

Très souvent, on ne regarde même pas l’ethos du critiquant. Et dès lors qu’une personne nous fait un retour difficile à supporter, on le prend mal et on s’emporte, on bascule dans la passivité ou dans l’agressivité. Bref, on est plus dans l’assertivité.

 

Au fond, on passe à côté de la maîtrise émotionnelle nécessaire pour prendre la parole en public.

 

Faites ça la prochaine fois qu’on vous critique

 

À partir d’aujourd’hui, si vous voulez supporter la critique. Et c’est essentiel parce que si vous ne la supportez pas, vous n’oserez pas, parce que j’ai peur d’être critiqué donc je ne vais pas y aller.

Ainsi, si vous voulez supporter cette critique, je vais vous demander de regarder quel est l’éthos du critiquant.

Est-ce que la personne qui vous fait un feedback, que vous avez demandé ou pas est légitime pour vous faire un retour ?

Mais comment je sais si une personne est légitime ?

 

À partir du moment où elle est aussi bonne que moi ou meilleure que moi en la matière. Son avis comptera un peu plus.

 

Regardez simplement l’éthos de la personne qui vous critique. Ça ne veut pas dire que vous devez vous fermer aux autres critiques, mais vous allez accorder moins de valeur à ces retours, qu’aux retours des personnes qui ont autant, voire plus de connaissance que vous sur le sujet.

 

Je vous parle en toute connaissance de cause, vous n’imaginez pas le nombre de retours, de critiques que je reçois sur certains réseaux sociaux.

Si j’accordais de la valeur à tous ces retours, ça fait longtemps qu’on ne se parlerait plus.

 

Je préfère accorder de la valeur, évidemment, aux retours positifs. Mais également aux retours constructifs, qui s’appuient sur des personnes qui ont une expérience et une légitimité et qui me permettent de donner un crédit à ce qu’elles font.

 

Regardez l’ethos du critiquant et pas uniquement la critique. Je vous assure que ça peut aider à être plus à l’aise avec la peur d’être critique.

Ne plus avoir peur d’être critiqué

De toute façon, avec toi, c’est toujours pareil.

Vous voyez ce genre de phrase là. Ce genre de critique qui, d’une certaine manière, ne disent pas leur nom.

Je vous invite à aller voir comme pourrait le faire Miguel Ruiz, cet auteur qui est connu parce qu’il a écrit les Quatre Accords Toltèques.

 

Si vous ne connaissez pas ce bouquin, courrez l’acheter, vraiment, car il peut vous aider à développer une nouvelle philosophie de vie. C’est comme une religion de vie c’est Quatre Accords Toltèques.

 

Vous voyez cette attaque, c’est un petit peu comme une patate chaude. “Avec toi, c’est toujours pareil”. 

On vous envoie cette patate chaude, ou bien le public vous l’envoie en vous critiquant : Vous n’êtes pas assez ceci, vous êtes trop cela, vous n’êtes pas assez à l’aise… C’est une patate chaude qu’on vous envoie.

Et là, quand vous réalisez qu’on vous envoie la patate chaude, vous avez plusieurs possibilités.

 

Ne plus avoir peur d’être critiqué

 

Soit, vous la prenez et dans ce cas-là elle vous chauffe les mains et dans ce cas-là, vous allez la retirer, la relancer : “non non mais c’est toi, c’est toi” et après, on se renvoie la patate chaude. C’est parfait, mais si vous faites ça, la patate chaude qui était à votre interlocuteur devient la vôtre, donc vous êtes responsable de ce que vous envoyez, puisque vous l’avez envoyé.

 

Soit, il y a une autre possibilité, c’est de ne pas ramasser la patate chaude qu’on vous a envoyée. C’est de dire ok, on m’envoie cette patate chaude et bien, elle est tombée à côté. Je ne vais pas la renvoyer.

 

Je vous demande de faire pareil avec toute critique potentielle, qui peut vous toucher :

Vous n’êtes pas assez éloquent, vous manquez de confiance en vous, c’est trop timide. Ok, on vous envoie la patate chaude, ne la renvoyez pas, ne cherchez même pas à la toucher, vous pourriez vous brûler.

 

Gardez cette image à l’esprit.

Quelqu’un qui vous envoie une patate chaude, vous avez le choix de ne pas la reprendre et de ne pas la relancer. Si vous vous rappelez de ça, vous êtes libre et vous êtes en maîtrise.

 

Ce n’est pas parce qu’on me critique, que je dois critiquer derrière.

Ce n’est pas parce qu’on m’attaque, que je dois contre-attaquer.

Le fait de contre-attaquer montre bien que j’ai été victime et donc dans un mouvement de défense, je cherche à attaquer.

 

Ne vous faites pas avoir par ce jeu qui consiste à avoir peur de la critique et donc à critiquer de nouveau pour se défendre.

 

Ne laissez pas ces personnes qui n’ont rien à faire, vous toucher avec leurs patates chaudes et rappelez-vous de ça, si vous voulez être plus à l’aise avec cette idée de la critique et moins en souffrir.