Imaginez. On se regarde droit dans les yeux pendant 1 minute et 30 secondes sans rien dire. Si vous deviez faire l’exercice, comment vous sentiriez-vous ? Cet exercice, je l’ai fait presque un millier de fois. Ce qui est très drôle, c’est qu’il change totalement le rapport avec le regard des autres.
Quand on fait cet exercice, on peut observer deux types de réactions.
- 2 réactions qui témoignent d’un niveau d’anxiété différent en prise de parole
Premier type de réaction : « Oh là là, c’était gênant, c’était long, je n’ai pas l’habitude, c’était bizarre. Je n’ai pas été à l’aise. D’ailleurs, j’ai rigolé parce qu’il y avait de la gêne. Puis, j’ai essayé de penser à autre chose. J’étais ailleurs. » Cette réaction est responsable de l’anxiété de la prise de parole.
Deuxième type de réaction : « Ah, c’est intéressant. Je me suis intéressé à ce que je voyais. Il y a Mélanie qui était face à moi. J’ai regardé ses yeux, la forme de son visage, et je me suis demandé ce qu’elle avait fait de sa journée. » Cette réaction témoigne d’un faible niveau d’anxiété dans la prise de parole.
Cet exercice, vous vous en doutez, vous expose au regard de l’autre avec une intensité telle que ce regard de l’autre suscite différentes réactions.
La réaction la plus commune est bien souvent le malaise. Si je suis gêné, si je ne suis pas à l’aise, généralement, c’est parce que je me suis senti regardé. Je me suis demandé ce qu’il a pensé de moi. Qu’est-ce qu’il a vu ? A-t-il remarqué que j’ai été mal à l’aise ? En fait, j’ai été regardé pendant 90 secondes.
La deuxième façon de faire l’exercice est d’oublier que je suis regardé. Pourquoi ?
Parce que c’est moi qui regarde. Je m’intéresse à ce que je vois. Je m’intéresse à un regard, à une forme de visage, à une couleur d’yeux. J’oublie que je suis regardé.
- L’anxiété de la prise de parole disparaît si vous considérez votre public comme… une œuvre d’art
Quand vous êtes face au regard des autres, je vous invite à vous rappeler ceci : vous n’êtes pas regardé. Vous êtes au musée, vous regardez des tableaux, vous ne regardez pas des miroirs. Vous ne vous intéressez pas à ce à quoi votre public s’intéresse, c’est-à-dire à vous-même. Sinon, vous êtes deux à vous regarder. Parfait pour développer de l’anxiété lors de la prise de parole.
C’est le pire écueil dans lequel on peut tomber quand on prend la parole en public. Vous n’êtes pas regardé. C’est vous qui regardez. Ne vous intéressez pas à ce à quoi le public s’intéresse, autrement dit à vous-même. Vous avez le droit d’être au centre de l’attention. Il peut y avoir beaucoup de gens qui vous regardent, c’est vrai. Mais vous ne devez jamais être le centre de votre propre attention.
Ce n’est pas parce que tout le monde vous regarde que vous devez vous regarder également. Il peut donc y avoir 1, 50 personnes face à vous, voire 1000 personnes.
Vous pouvez être au centre de l’attention, mais vous ne devez pas tomber dans le piège de devenir le centre de votre propre attention. C’est ce piège qui est responsable de l’anxiété dans la prise de parole.
Répétez-vous ça. Je veux que vous réussissiez à ancrer ça à un niveau inconscient et automatique. Tous les jours, je ne suis pas regardé, c’est moi qui regarde. Je vous assure que si vous y pensez tous les jours, vous serez beaucoup plus à l’aise avec le regard des autres, mais aussi avec l’exercice de la prise de parole en public.
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