Meilleur ami pour certains, pire ennemi pour d’autres, il est l’objet de nos réussites et de nos échecs lors de nos prises de parole en public. On connait tous ces outils de respiration, de visualisation, de relaxation utiles pour gérer son stress en prise de parole. Pourtant, dans bien des situations, ils ne s’avèrent pas suffisants.
Pourquoi ? Y’aurait-t-il d’autres moyens plus efficaces pour gérer son stress en prise de parole en public ? Le stress est en effet quelque chose de beaucoup plus profond pour être géré uniquement avec des outils physiques et déconnectés des problématiques de chacun.
Gérer son stress en prise de parole c’est d’abord gérer ses peurs
Vous savez certainement que le stress est une réaction biologique et naturelle du corps cherchant à s’adapter face à une situation qu’il estime dangereuse. Pour plus d’informations sur les mécanismes à l’oeuvre, on vous invite à retrouver cet excellent article d’Olivier Ezratti sur la biologie de l’intervenant. L’idée importante à garder à l’esprit est que le stress est une réaction.
Chercher à gérer son stress en prise de parole avec des outils tels que la respiration abdominale, c’est donc agir uniquement sur une réaction. Pour faire une analogie, c’est comme essayer de guérir de la grippe avec des antidouleurs.
On a sûrement moins mal, mais on reste toujours malade. En vérité, on ne guérit et ne retrouve toute sa force que lorsque le virus a quitté les cellules de notre organisme.
Plutôt que de chercher à gérer son stress en prise de parole, il nous faut donc travailler sur les croyances et les peurs à l’origine de la perception que nous avons de la prise de parole en public. C’est en réalité cette perception qui est responsable du stress de l’orateur.
Il est incroyable de voir à quel point la prise de parole en public concentre de nombreuses peurs, conscientes ou non, ayant toutes pour origine les expériences de vie de chacun d’entre nous. C’est bien la preuve que toutes ces peurs sont apprises, souvent transmises, et peuvent donc être désappris et tout au long de sa vie.
Gérer son stress en prise de parole par la mise en situation
Vous pouvez faire l’exercice : demandez-vous quelles sont les peurs à l’œuvre dans vos prises de parole en public : se tromper ? Être ridicule ? Ne plus trouver les mots ? Bafouiller ? Être jugé ? La liste pourrait être très longue.
Après avoir identifié ces peurs, vous pouvez imaginer ce qui peut se passer si elles arrivent. Allez jusqu’au bout des conséquences imaginables. Bien souvent ces conséquences ne sont pas si terribles que ce que l’on semble imaginer.
Un excellent moyen de dépasser ses peurs consistent ensuite paradoxalement… à les réaliser. Cela peut sembler extrême pour certains. Si c’est votre cas, sachez qu’il est beaucoup plus facile de s’autoriser ses peurs dans un cadre bienveillant, comme dans un cours de prise de parole en public.
Et si vous vous retrouviez sans mot devant un public ? Et si vous étiez ridicule et que le public riait avec vous ? Vous comprendriez très rapidement que la peur n’a pas de raison d’être et elle s’estomperait d’elle-même.
Changer son rapport au stress pour gérer son stress en prise de parole
Gérer son stress en prise de parole c’est aussi changer les croyances associées à celui-ci. On le disait en introduction, nous ne voyons pas tous le stress en prise de parole de la même façon. Un cœur qui bat plus vite, des mains moites, une voix qui chevrote sont pour certains le signe d’un mauvais moment à passer qui ne fait que commencer.
Ces mêmes symptômes sont pourtant recherchés et appréciés par d’autres. Des mains moites ? Excellent, ça me force à faire des gestes pour les sécher, et ça tombe bien c’est ce que font les bons orateurs. Un cœur qui bat plus vite ?
C’est normal, c’est le signe que mon sang circule plus vite pour irriguer davantage mon cerveau et réfléchir plus rapidement. Une voix chevrotante ? C’est le signe que je ne parle pas assez fort, à moi de mettre le son.
Cela peut faire sourire, toutefois beaucoup d’études ont démontré l’impact de notre considération du stress sur les effets du stress lui-même. Nous vous invitons à regarder cette conférence Tedx de Kelly McGonigal sur le sujet.
Elle y explique notamment que ce ne sont pas les symptômes du stress qui nous font aimer ou pas le stress, mais plus notre réaction à ces symptômes : sont-ils à nos yeux des ennemis ou des alliés ?
On le comprend, le stress est le symptôme de quelque chose de plus profond. Il prend racine dans les croyances que nous avons, les perspectives que nous envisageons.
Gérer son stress en prise de parole avec des outils physiques est une solution de court terme.
Toutefois, gérer son stress en prise de parole de manière efficace nécessite de se poser des questions plus profondes, parfois dérangeantes et gênantes pour trouver des réponses pérennes et changer ses croyances.
D’une certaine façon, notre perception du monde influence grandement nos réactions. Notre perception de l’exercice de la prise de parole influence grandement sa qualité et sa difficulté.
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